Fin de Parentèses.
Cageot de vèpres de Bohème, appelés morillons, à la vente sur une table de bistrot au marché Saint Pierre, à Clermont-Fd.
Après 9 années de mise entre parenthèses, je me décide à raconter de nouveau, rencontres et découvertes sur ce qui m'a toujours intéressé : les cuisines populaires.
Une manière de donner du sens à l'ordinaire.
La cuisine est malheureusement trop souvent cantonnée au loisir et à l'admiration de chefs exceptionnels chez qui peu d’entre nous n'iront jamais manger.
Il existe pourtant, dépassant largement la classement annuellement renouvelé des plats préférés des Français, des cuisines que nous pourrions nommer populaires, touchant la grande majorité de nos concitoyens : en restauration collective, distribuant plus de 12 millions de repas par jour; dans plus de 90000 bistrots, maillant les territoires et réalisant des repas à moins de 15 euros; et, surtout, dans chaque foyer, où la réalisation d’un repas est une nécessité quotidienne.
Ces cuisines populaires (thème des 11000 manifestations de la fête de la gastronomie en 2016) sont le ferment, le levier, de nos liens sociaux et culturels, et d’une part importante de notre activité agricole, artisanale et industrielle.
Ces cuisines populaires dépassent très largement l’image trop souvent limitée que nous leur donnons d’activités ménagères et folkloriques.
L’alimentation de tous les Français repose sur des préférences, des alternatives et des orientations économiques, sociales et culturelles prenant en compte leur part non-académique et orale. Les cuisines populaires sont un lieu de convergences et d’échanges sur nos choix agricoles dans toute leur diversité, un espace de lutte contre le gaspillage, pour un meilleur partage et de nécessité sanitaire.
En effet, la cuisine, l’alimentation et nos goûts de nourritures sont une part déterminante et importante de nos volontés sociales, économiques et culturelles.
Ces cuisines populaires sont aussi au centre des travaux de chercheurs en sciences humaines, en médecine, en techniques agricoles, qui étudient et déterminent l’évolution du futur de notre alimentation.
Ces cuisines populaires, trop souvent invisibles, sont bien le coeur de notre quotidien et de notre ordinaire. Elles vivent bien loin des projets dispendieux proposés par certains à la suite de la reconnaissance par l’Unesco comme patrimoine immatériel de notre repas dit gastronomique, qui ne peut être la seule propriété de quelques-uns.
Le but de ce Journal curieux de cuisine populaire est de rendre visibles nos cuisines populaires, diverses, modernes et foisonnantes. Un complément, plus pratique à l'Observatoire des Cuisines Populaires.