Cahiers et carnets de cuisine.
Depuis un peu plus d'un an, dans le cadre de l'Observatoire des Cuisines Populaires, nous avons lancé une recherche des cahiers de cuisine familiaux. Le but est de construire un corpus d'un peu plus de cent cahiers afin d'essayer de les étudier.
Je renouvelle cet appel. Si vous êtes en possession d'un de ces carnets, vous pouvez contribuer à cette recherche en le scannant et en essayant de renseigner le petit questionnaire des liens ci-dessus.
Merci à vous camarades. Partager.
Extrait :
"Il y a, à priori les plus nombreux, des cahiers si bien tenus, si bien organisés, écrits souvent à l’encre violette d’une jolie écriture de jeune fille qui témoignent de la grande importance des écoles ménagères tout au long du vingtième siècle dans la diffusion d’une cuisine organisée et nationale. Pour certains, ils ne semblent jamais avoir été utilisés de manière intensive. Ils sont propres, sans tâches ni commentaires et sans rajout de découverte gourmande. Pourtant, ils sont bien la mémoire de cette cuisine dite bourgeoise qui se diffusa tout au long du vingtième siècle et à la fin du dix-neuvième et qui marque toujours notre imaginaire de la « cuisine française ».
Viennent ensuite les cahiers de cuisinières de maison bourgeoise. Outil de travail des personnes qui exerçaient leurs talents comme domestiques attachés en cuisine, ces cahiers sont les témoins de repas de maisons où il existait un certain niveau de vie et des moyens conséquents pour alimenter la maisonnée. Ces cahiers sont écornés, tachés de gras, ils ont été utilisés et devaient représenter une réelle accumulation de savoir pour exercer son métier surement.
Il existe aussi les cahiers de cuisine de passionnés. Ces mordus de cuisines ont existé tout au long du dix-neuvième et du vingtième siècle, recueillant scrupuleusement les recettes de familles, des amis, de la région, celles qu’ils réalisaient au jour le jour. Ils ont parfois aussi noté comme pour un journal intime, les détails des repas d’apparat qu’ils confectionnaient pour les proches. Ils sont riches d’enseignements sans être la photographie exacte de la nourriture des familles en général.
Enfin il existe les cahiers compilatoires. Ceux-ci sont fait de notes, de gribouillages, de collages et d’emprunts divers aux livres de cuisines et aux revues. Derrière ces accumulations de désirs culinaires, nous entendons la petite phrase « un jour, j’essaierai ça ». Mais les cuisiniers et les cuisinières sont-ils passés à l’acte? Nous ne le saurons jamais. Mais ces cahiers représentent bien les désirs et la cuisine fantasmée de nombreux apprentis cuisiniers et cuisinières.
A côté de ces cahiers directs pourrions nous dire, réalisés de la main des cuisiniers réels, potentiels ou rêvés, il existe les recueils. Ceux, faits par une fille, une petite-fille auprès d’une mère ou d’une grand-mère, cherchant à recueillir les savoirs et les goûts familiaux. Ils sont une touchante ethnographie spontanée et familiale mais avec peut-être plus de distance vis-à-vis de la pratique culinaire.
Enfin, existent les cahiers publiés, divers, parfois littéraires, ou juste documents. Nous en avons recensé une petite trentaine pour l’instant. Du magnifique et très touchant « Les carnets de Minna » proposé par Anne Georget, à « Cuisinière Lyonnaise » des éditions Stéphane Bachés en passant par le « Je cuisine comme un chef » de Vercors ou les cahiers imaginaires de « Margaridou »."